Nous sommes 13 ; c’est un
chiffre contesté : porte-bonheur ou porte malheur ? Eh bien
aujourd’hui, ni pluie, ni chute, c’est tout bonheur.
Armand et Guy nous ont concocté
un superbe 8 autour du beau village d’Aragon.Nous avons commencé par une montée
bien raide mais courte à travers les bois, avec au passage une très jolie
petite capitelle au toit moussu. Nous avons atteint le plateau et cheminé
au-dessus de la vallée de la Valette. De jolis noms nous accompagnent :
les Pins des Balles, le Carrétal de la Sourde, la Font de l’Orme qui fut une
belle propriété… il y a quelque temps.
Nous sommes redescendus sur
Aragon pour la pause pique nique sur les aires de jeu en contrebas du village.
Là, de nouvelles venues nous ont rejoints, accompagnées d’un beau - et
délicieux- gâteau au chocolat. Après quoi nous sommes repartis pour la seconde étape
en commençant par le moulin de Vignore, belle tour aujourd’hui sans toit, nous
avons rejoint la Font de l’Orme, les Brugues (les bruyères) avant d’aborder la
Garrigue du Sauvage (quel beau nom !!!) ; on domine là la confluence
de trois ruisseaux qui ont fortement entaillé le massif calcaire et qui offrent
un spectacle impressionnant. Une tache blanche, là-bas en contrebas : il
paraît que c’est un « bénitier », mais Guy nous précise bien qu’il
faut avoir les yeux de la foi pour le distinguer. Un chemin escarpé au-dessus
de la combe nous mène jusqu’à la « plaine de Montolieu » (une
plaine ? là, c’est les pieds de la foi qu’il faut avoir), avant de retrouver
le surplomb de la vallée de la Valette.
Le temps était parfait, un peu
frais quand nous étions à l’ombre, bien chaud quand nous étions à découvert,
dans le soleil. Le ciel était majoritairement bleu, strié de longs nuages
blancs. Nous avons alterné toute la journée bois et étendues herbeuses,
entrecoupés de montées et de descentes
parfois raides.
Les bois offrent un cheminement
sur des sentiers étroits, au cœur d’une végétation dense, une belle végétation
méditerranéenne dominée par les pins et les chênes, qui forment un tapis
d’aiguilles et de feuilles dentelées sous nos pieds.Au-dessous s’entremêlent
kermès, cistes (aujourd’hui sans fleurs, bien sûr), genévriers, petit houx aux
baies rouge vif, jasmin ligneux aux baies noires, ronces à mûres (mais sans
mûres), viornes, salsepareille et des tas d’autres plantes qui bordent notre
cheminde parois bien épaisses. Sans compter les touffes de thym, de fenouil et
de menthe qui offrent de temps en temps des bouffées odorantes inattendues en
cette saison. Les fleurs sont devenues rares, mais la végétation est en pleine
forme ! Et il y a des champignons ! Il y en a partout, de très gros
blancs, avec souvent sur le chapeau encore un peu de la terre qu’ils ont
déplacée en sortant du sol, des marrons, des beiges, des orangés, des petits,
des gros… apparemment pas très comestibles, tout ça, sauf une grisette qui a
fini dans le sac d’une marcheuse.
L’autre paysage, c’est celui du
plateau et de ses grandes étendues d’herbes. Et alors là, le vent nous saisit,
nous enveloppe, transforme ceux qui n’ont pas de bonnet en… en quelque chose de
bizarre. Son bruit nous accompagne tout le long et remplit notre tête. Le choc
est grand quand on passe d’un sous-bois à ces terrains découverts. Deces hautes
herbes émergent de temps en temps des pins ou, parfois, des sapins qui étalent
leurs basses branches bien à l’horizontale. On dirait un jardin d’arbres de
Noël. Au-dessus, la chaîne des Pyrénées s’offre à nous dans un halo assez
irréel de nuages, on pense à des estampes chinoises.
Guy nous explique que ce plateau
était cultivé jusque dans les années 50. Aujourd’hui, il est retourné à l’état
sauvage et il faut bien dire que la végétation a très vite repris ses droits.
De toute la journée, nous n’avons croisé qu’une plantation d’oliviers et, en
descendant, quelques vignes, dont les ceps sans plus de feuilles du tout se
détachent sur le ciel clair.
Nous avons rencontré deux
serpents, des vipères paraît-il, qui avançaient lentement. Très lentement,
vraiment. Sans doute étaient-elles déjà à moitié endormies, elles devaient se
diriger vers le nid douillet de leur hiver.
Aux départs comme aux retours,
nous avons des échappées visuelles sur ce si beau village, il est si beau que
des autochtones ont jugé opportun de placer ici ou là des cadres pour guider les
photographes. Et ils ont eu bien raison !
Le soir se profile, de gros
nuages noirs apparaissent à l’horizon, mais ici, il fait encore beau. La
lumière s’adoucitet voilàune vision incroyable du village dans un rayon doré. Une dernière descente dans un sentier
boisé et sombre, avant le retour sur le parking. Au-dessus de nous, les maisons
d’Aragon sont illuminées par le soleil qui décroît mais qui flamboie toujours.
Merci à Armand et à Guy qui ont
formé un duo très efficace pour nous offrir cette belle journée de novembre
bien oxygénée.
Claudine