Nous sommes une vingtaine à prendre la route
de Lagrasse, à longer les gorges de l’Orbieu, à jeter un coup d’œil bref mais
toujours admiratif sur la vision de la grande abbaye et de son clocher
s’élevant au-dessus du joli pont médiéval, puis à rouler dans les étendues
désertes des hautes Corbières avant d’atteindre le château de Villerouge-Termenès
puis le joli village de Félines-Termenès.
Le nom de ce village a suscité quelques
questions. Recherche faite, il n’a pas de rapport avec nos amis à
moustache ; il vient probablement, comme nombre de ses pareils en France
comme en Italie, de figulina, qui
désignait à l’époque romaine un atelier de potier.
Nous traversons le village et son ruisseau en
cascades, puis nous longeons ledit ruisseau avant de commencer la montée à
travers de belles forêts de chênes, les pieds dans les feuilles sèches et les yeux
dans les feuilles neuves, puis au milieu des massifs et des massifs de thym
exhalant toutes leurs odeurs et puis d’une véritable pelouse de sauge sauvage
(merci Plantnet), et de minuscules jonquilles et autres fleurs.
On atteint le Pla de Labat (le plateau du
curé) et le col de l’Homme Mort. Une pause
pour boire un coup, pour lire les panneaux renseignant sur le patou des
Pyrénées, lequel patou nous ne voyons pas. Il y a pourtant des moutons sur de
larges prairies en pente, des moutons si gros que de loin on dirait des vaches.
Et en reprenant notre chemin, nous croisons des cochons gambadant dans l’herbe
verte, des cochons aussi gros que les moutons qui ressemblent à des vaches,
puis une nursery d’agneaux. Bref, tout a l’air de profiter dans ces espaces grandioses
et paisibles.
Une montée bien raide pour accéder au pech de
Galhoumet. Là, un extraordinaire panorama sur toutes les Corbières. Après nous
être extasiés, nous continuons toujours plus haut jusqu’au plateau de Lacamp à
travers les chênes, les fleurs et les cavités minières. Car nous sommes en zone
métallurgique. Depuis un moment, des panneaux nous donnent des informations
géologiques et historiques et nous longeons des murets et des entrées de
galeries –fermées, les entrées, par précaution.
Ces mines de fer (et d’argent aussi) furent exploitées de l’Antiquité au
XXe siècle ; elles le furent très activement au Moyen Age sous
l’autorité de l’abbaye de Lagrasse (tiens, encore celle-là…) et de son vassal
le seigneur de Termes et, une fois les biens d’Olivier de Termes saisis pour son
appui aux cathares, les mines de Palairac (dans les textes médiévaux on les
appelle plus de Palairac que de Félines
- mais c’est limitrophe) firent l’objet d’un procès de plusieurs
décennies entre l’abbé de Lagrasse et le roi saint Louis. Mais nous sommes bien
loin de ces remous bien matériels et, en contemplant les reliefs tourmentés des
Corbières qui se succèdent à perte de vue au-dessous de nous, nous
pique-niquons sur le pla de Lacamp avec béatitude sous un soleil qui a fini par
sortir.
Il faut bien redescendre tout de même, il fait
chaud et nous cheminons dans des allées de prunelliers en fleurs, nous
rencontrons une tribu de cochons dont certains sont tout frisés, comme des
petits moutons, avant de prendre une piste en corniche sur le Val-de-Dagne,
bordée de conifères, puis d’aborder une sacrée descente qui nous mène droit sur
des vaches placides (cette fois, c’est bien des vaches) et sur une ferme dotée
de figues de barbarie, d’agaves et d’autres plantes grasses non identifiées
mais très rigolotes.
Et enfin, la traversée du très agréable village de Félines avant de faire une pause rafraichissement dans un café de la belle promenade de Lagrasse.
Merci Yves et merci Roger, c’était magnifique !
Compte rendu de Claudine
Photos d'Armand ici
Photos de Jocelyne ici
Photos de Patrick ici