samedi 14 janvier 2023

2023-01-14 Villasavary - Boucle des paysages

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Nous voici trois sur le parking de la Maison des Arts, puis le cheptel double sur le parking de Villasavary. Nous sommes donc six à prendre bravement le chemin.

On traverse le village, ses rues étroites, ses petites places et ses escaliers le beau moulin à vent de Roques qui a fonctionné jusque dans les années 1950. Puis après avoir contourné les dernières habitations on passe sous l’impressionnante voûte des Canonges, un ouvrage d’art construit en brique à la fin du XVIIIe siècle au-dessus du ruisseau du même nom ; il supportait - et supporte encore -  la route royale allant de Castelnaudary à Limoux et il a permis de ne pas détourner un autre ruisseau qui irriguait les jardins. 

Nous marchons un bon moment en bordure ou en surplomb des terres cultivées. Ici et là, des fermes avec leurs bouquets d’arbres. Nous sommes partis à 2° mais le soleil est là et bien vite nous mettons bas gants et doudounes. Tout au long des chemins, des jeux de lumière dignes de tableaux. Le brun des labours profonds alterne avec le vert, déjà ! des champs ensemencés. En bas, dans la plaine, des écharpes de brume qui vont persister toute la journée. A l’horizon proche, le village de Villasavary perché sur sa colline que l’on voit se détacher sur un ciel clair strié de longs nuages blancs, se faisant admirer sur toutes ses facettes au fur et à mesure qu’on tourne autour de lui. En face, la Montagne Noire et ses villages  - on distingue bien Saissac, petit triangle blanc au cœur des pentes boisées. Et de l’autre côté, les Pyrénées, splendides et immenses. Les panoramas nous suivent tout au long, qu’on soit dans les espaces cultivés ou dans les forêts de crête. Un petit belvédère avec son banc nous offre d’ailleurs une vue superbe sur le Lauragais, ses collines, sa plaine, ses villages.

Nous entrons dans les parties boisées. Des forêts  où les arbres dépouillés - les chênes- se mélangent à eux qui restent verts, arbres, buissons, plantes grimpantes qui s’enroulent autour des troncs. Ce qui fait que, même si nous marchons dans un tapis profond de feuilles de chêne tombées au sol, pour les yeux, le paysage est toujours vert et on oublie un peu qu’on est en hiver. Des champignons viennent nous rappeler un peu la saison.

On croise et on recroise le « sentier historique », la « boucle de Besplas » et le « sentier des orchidées » : merci aux bénévoles de Villasavary qui ont remarquablement quadrillé leur territoire pédestre. Il y a quelques beaux rempaillous, quelques belles descentes parfois un peu glissantes, mais la petite équipe avance vaillamment. 

Le couvert forestier se fait plus intense, pins, cyprès, cèdres et chênes verts. Les échappées panoramiques sont toujours très belles et nous voici devant une table d’orientation. Elle signale les villages qui jalonnent le paysage et leur histoire, Bram la romaine, Laurac et Villasavary, villages fortifiés du Moyen âge  jalons de la lutte d’influence entre les familles Trencavel et de Laurac, Prouille et Fanjeaux où commença l’histoire dominicaine. Lire l’histoire dans le paysage nous ancre dans cette terre, nous rattache aux hommes et aux femmes qui ont vécu ici, nos aïeux pour beaucoup d’entre nous, qui voyaient les mêmes horizons.

Jocelyne et Roger nous ont réservé une belle salle de pique nique, un espace dégagé avec les Pyrénées quelque peu enneigées en tableau de fond. Un moment de repos, pas trop long parce que le soleil s’est un peu caché et que la température de janvier se rappelle tout de même à nous. Nous reprenons donc le chemin à travers la forêt des Canonges, avec un petit arrêt au site de l’oppidum protohistorique de l’Agréable (mais oui , c’est son nom !!!), jusqu’au Mont Carrière. 

Je suis venue ici plusieurs fois mais je crois bien que je n’ai jamais vu un tel spectacle. Le soleil est revenu, c’est un soleil de fin de journée d’hiver. Sa lumière est douce et dorée. Au premier plan, Fanjeaux illuminée, émergeant d’un écrin de champs vert et marron ondulant entre des haies au tracé plein de fantaisie. Derrière, les préliminaires de la montagne avec Bugarach se détachant d’une façon assez irréelle. Derrière encore, la barrière fantastique des Pyrénées. On les voit dans une clarté et avec une netteté exceptionnelles, du Canigou au Pic du Midi de Bigorre, 200 km à vol d’oiseau. Ils sont tous là, les pics de nos horizons, le Madre, le Soularac, le Saint-Barthélemy, le Montcalm, le Valier, le Crabère… Des montagnes mythiques, des montagnes sacrées, du Canigou qu’escalada au XIIIe siècle le roi Pierre III d’Aragon   qui y vit un dragon sortant d’un lac, et que vinrent habiter les moines, au Valier au sommet duquel le premier évêque de Couserans, saint Valier, planta une croix et où, au jour du solstice d’été, les bergers réunis en cercle attendaient le soleil levant pour prier et jurer de secourir le voyageur égaré et de protéger les troupeaux. Et la plus belle de toutes, la légende de Pyrène : fille du roi Bébryx résidant dans les montagnes de Tarascon, Pyrène fut séduite par Hercule traversant le pays pour aller conquérir les pommes d’or du jardin des Hespérides, puis abandonnée par le héros qui poursuivit son chemin, réfugiée par désespoir dans la forêt profonde où elle fut tuée par les bêtes sauvages. Hercule revint pourtant et, fou de douleur, il voulut faire à son aimée un tombeau à la hauteur de son amour : il entassa roche sur roche et ce furent les Pyrénées…

La vision est si irréelle qu’on est bien tenté de croire à cette création mythique… En tout cas, les expériences pyrénéennes de chacun alimentent la descente sur Villasavary, que  nous menons tranquillement jusqu’aux voitures.

Merci Jocelyne, de cette belle rando dans le soleil de janvier.

Et merci à Claudine pour ce beau compte rendu

Les photos de Roger ici 

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