Les sites touristiques indiquent que Quillan doit son nom aux Trois Quilles… C’est le contraire qui s’est passé. Quillan est un toponyme gallo-romain et c’est ce nom qui a fait appeler « quilles » les trois sommets qui surplombent le bassin et qui offrent à cette petite ville un écrin reconnaissable de loin entre tous.
Nous voilà donc à 11 sur le parking de la gare. Il fait beau, il fait doux, le temps est idéal. Nous traversons la « promenade » et les petites places, nous franchissons l’Aude par le vieux pont avant de monter au château. Ce château qui appartenait au Moyen Âge à l’archevêque de Narbonne et dont il ne reste aujourd’hui qu’un imposant quadrilatère de murailles. De là, le panorama est déjà remarquable, sur Quillan, sur Ginoles, sur la route du col du Portel menant au pays de Sault et sur les montagnes qui les entourent et qui offrent çà et là des couleurs d’automne au milieu du vert des résineux.
Un panorama qui va s’élargir au fur et à mesure que nous montons vers la première « quille », le pic de Vitrague. Le chemin monte au milieu des chênes, des kermès, des bruyères et des arbousiers. Et des arbousiers, il y en a ! C’est la pleine saison des fruits, ils sont là par centaines, de toutes les nuances du jaune au rouge vif, suspendus à leur branche ou formant déjà un véritable tapis coloré sous nos pieds. Bien sûr, nous en profitons au passage. Nous montons toujours et c’est de plus en plus raide. Mais voilà enfin le sommet de Vitrague. Le panorama est évidemment magnifique. Quillan d’un côté et ses montagnes, la vallée de l’Aude de l’autre et ses villages. En particulier le petit village de Laval, juste au-dessous de nous, serré autour de son église, avec un peu à l’écart le carré de cyprès de son petit cimetière. Nous continuons, la descente est aussi raide que l’a été la montée -eh oui !-, puis nous abordons la seconde « quille » et ses rochers. Des vautours nous surveillent de leur vol planant. Nous cheminons un temps sur la crête, ce qui offre toujours un panorama somptueux, avant d’entamer la raide descente sur Belvianes. Nous sommes vraiment dans le domaine des arbousiers, ils bordent notre chemin et leurs fruits illuminent la forêt.
Et nous voici à Belvianes. Nous retrouvons l’Aude qui semble très sage. Un petit pré au bord de l’eau et c’est la pause pique-nique. Le soleil brille, il fait même chaud, la rivière (euh, le fleuve… mais il n’en a pas encore l’air) roule ses eaux, les arbres dorés et fauves s’y reflètent, le tableau est magnifique, tout va bien. C’est ce que nous dit aussi un cingle plongeur (pour les ignares -dont moi jusqu’ici- c’est un bel oiseau) qui semble marcher sur l’eau. Un peu de sieste, et il faut repartir. Nous traversons le village de Belvianes (ça monte toujours…) avant de prendre le chemin du Belvédère du Diable, le « chemin des chèvres », un beau sentier bien tracé au milieu de la forêt qui nous amène à l’entrée du défilé de la Pierre-Lys. Là, une vue magnifique sur les « murailles du diable », des à-pics fantastiques qui plongent dans les gorges, une muraille de roches blanches surgissant des buissons verts qui recouvrent la montagne. On discerne la route, loin en contre bas. Il y a eu une abbaye à Saint-Martin-Lys au temps de Charlemagne ; il n’en reste rien de matériel mais il est émouvant de constater que le souvenir des moines est resté à travers les siècles : on dit à Saint-Martin que lorsque le vent souffle dans les gorges, on entend les moines chanter, on dit aussi que c’est eux qui ont ouvert la route. Non, c’est le curé Félix Armand qui l’a fait à la fin du XVIIIe siècle et qui a ouvert le « Trou du curé », que tous connaissent dans la région.
Retour sur Belvianes. Nous contemplons d’en bas les crêtes impressionnantes que nous avons suivies le matin, nous traversons l’Aude sur une belle passerelle verte qui nous amène au hameau de Cavirac et à son église, puis nous prenons le chemin qui nous ramène à Quillan par la rive droite de l’Aude, par « la Forge » et son beau parc boisé transformé en île sans doute par les dérivations induites par l’activité de la forge au XIXe siècle, un beau héron nous y attend avant de s’envoler. Nous rentrons dans Quillan et nous retraversons l’Aude par le Pont Suzanne, ce pont offert en 1927 à la ville par l’industriel Jean Bourrel (Suzanne était sa fille) pour permettre aux ouvriers de rejoindre son usine de chapeaux ; plus tard, ce sera la première usine Formica. Ce qui rappelle le long passé industriel de cette petite ville qui semble aujourd’hui bien endormie.
Et voilà le parking de la gare, on se déchausse et on court vers le café d’en face où nous attendent demis et chocolats chauds.
Merci Roger pour cette très belle rando qui nous a conduits dans de magnifiques paysages baignés de la lumière d’automne.
Claudine P.