dimanche 14 mai 2023

2023-05-14 Sigean

Il pleut à Carcassonne et il fait froid sur le parking de Beragnes. Mais nous sommes 9 à avoir foi en les prévisions météo, donc cap sur Sigean où deux amis nous attendent. Nous voilà donc 11 en marche et le beau ciel bleu annoncé est bien là. Les nuages sont très noirs sur les Corbières mais ici, tout va bien, même le vent qui se porte à merveille, comme de tradition dans le coin.

Nous commençons par explorer le village de Sigean, guidés par Marie-Claire qui en est originaire : vieilles rues pittoresques, belles maisons de vignerons à la large porte  de chai caractéristique du Narbonnais et très belles façades décorées.

Puis ce sont les sentiers serpentant à travers les vignes qui déroulent à l’infini leurs alignements de ceps aux feuilles encore vert tendre, les arbres des haies dont les occupants chantent dans le clair du matin, les fleurs des talus. Le paysage devient plus sauvage, la végétation méditerranéenne s’intensifie et nous cheminons maintenant entre lauriers et oliviers. Une petite pause devant le domaine du Lac, devenu chambres d’hôtes.  Nous contournons l’oppidum de Pech Maho, un site archéologique bien protégé des incursions inopportunes : donc, nous ne voyons rien, sauf un panneau qui nous en apprend l’histoire. Sur la colline dominant les étangs, qui étaient alors des lagunes ouvertes sur la mer, vivait le peuple des Élisyques. Des fouilles archéologiques ont dégagé fortifications et maisons que l’on peut visiter sur rendez-vous. Du VIe au IIIe siècle avant notre ère, bien avant l’arrivée des Romains, le lieu fut un important comptoir commercial où les autochtones échangeaient avec les Phéniciens, les Grecs, les Carthaginois et il témoigne de la vie intense qui animait le Golfe du Lion dans l’Antiquité.

Après quoi, nous arrivons en bordure de l’étang. Là, le paysage est tout autre. Nous sommes dans le « complexe lagunaire de Bages-Sigean », une steppe salée couverte à l’infini de touffes de salicorne ; la marche est périlleuse car les chemins sont constitués d’une glaise glissante, imbibée sans doute d’eau salée (personne n’a goûté, en fait …), une véritable patinoire où nos chaussures s’enfoncent tout en dérapant et se couvrent d’une boue de plus en plus lourde. Il faut renoncer au sentier tracé et s’aventurer dans les salicornes (elles, nous les avons goûté et elles sont salées, vraiment très salées). La glaise est remplie de traces d’animaux, des chiens, bien sûr, mais aussi des sangliers ; il y a une multitude de petites traces d’ongulés, vraiment petites : des chevreuils ? ou même des bébés chevreuils ? des marcassins ? Même dans ce paysage austère, la vie est là, toujours… Nous retrouvons ensuite un chemin plus ferme et tout proche de l’étang. Le vent soulève les eaux, on se croirait en pleine mer, une aigrette se laisse flotter, les couleurs sont magnifiques, les courants forment des arabesques bleu foncé, turquoise, vert profond. Au loin, le village de Bages, dans le soleil, plus près, l’île de l’Aute et l’île Sainte-Lucie, et très loin, on devine la cathédrale de Narbonne. Nous continuons au bord de l’étang jusqu’au bout de la pointe de Port Mahon. À un carrefour, c’est la rencontre avec une très jolie petite vipère lovée sur un tronçon goudronné, elle s’affole quelque peu de notre présence mais nous la laissons se réfugier dans le talus du bas-côté ; la planète est assez grande pour tout le monde, non ?  Port Mahon, ce fut un port à l’époque romaine, c’est maintenant une base nautique et c’est là que nous pique-niquons, en plein soleil, non sans saluer quelques sportifs qui rentrent de leur séance de kite. 

Nous repartons en contournant la pointe ; nous retrouvons la steppe salée et périlleuse et ses salicornes, puis des chemins plus stables bordé de roseaux, de tamaris ou, plus loin, d’immenses buissons de pistachiers lentisques et des premiers cistes qui viennent mettre leurs taches de couleur. Les teintes profondes se succèdent sur les eaux toujours agitées, des goélands se laissent porter puis ils s’envolent avant de revenir se balancer sur les vagues. Et enfin, les voilà, les flamants roses en troupeau. Nous les voyons de loin, ils se sont regroupés, ils ont replié leur tête sous les ailes, ils se mettent à l’abri de la tramontane, eux ! Ils sont plutôt blancs, nos flamants roses, ils n’ont pas encore mangé assez de crevettes ; ils doivent tout de même être rose foncé sous leurs ailes, mais ils ne bougent pas, donc, ils ne nous montrent pas la face cachée…

Nous avons doublé la pointe, nous abordons les anciennes salines de Sigean ; l’eau est d’un turquoise laiteux, c’est magnifique sous le soleil qui nous suit toujours, nous traversons une saline grâce à une chaussée ; là, il faut tenir casquettes et chapeaux à la main car le vent se déchaîne. Nous retrouvons des paysages de vignes, les haies de frênes et les talus fleuris ; nous contournons les grands salins de Sigean avant de plonger vers le village par une petite route bordée d’amandiers et d’oliviers.

Et revoilà Sigean, ses belles maisons, le lacis de ses vieilles rues, la fontaine vieille, la fontaine neuve, la « maison du roi » où Louis XIV séjourna, la chapelle des Pénitents au beau clocher, transformée en centre culturel… et son café où nous faisons une pause bien méritée. Nous avons déploré l’absence de Yves mais nous avons quand même réussi à payer notre écot !!!

Vignes, oliviers et salins, flore méditerranéenne et steppes lagunaires, oppidum protohistorique, port romain et vieux village languedocien, merci à Armand et à Pierre de nous avoir offert ce concentré de paysages et d’histoire sur un petit bout de terre d’Aude.

Compte rendu de Claudine

Photos de Roger 

Photos d'Armand et de Martine

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