jeudi 4 mai 2023

2023-05-04 Villesequelande

22 marcheurs s’attaquent aujourd’hui à Villesèquelande. Et la balade commence par les chemins du temps. Voici l’orme de Sully : 14 m de haut et 6 de circonférence, excusez du peu !  Sully, c’est le plus célèbre des ministres du bon roi Henri IV. Entre autres choses, il a fait planter des ormes sur les places des villages et le long des routes ; l’opération visait la restauration et le  bon entretien des voies de roulage mais devait servir aussi à fournir de beaux troncs bien droits pour les vaisseaux de la marine et pour les affûts de canon. Notre orme est l’un des derniers existant en France, car presque tous ont été tués par la graphiose.

Nous rejoignons ensuite le canal du Midi et son chemin de halage ; c’est maintenant une piste toute propre, toute neuve bordée de jeunes arbres tout nouvellement plantés. Au bord de l’eau, les iris jaunes se dressent fièrement au-dessus de touffes de blancs ombellifères, c’est un spectacle ravissant et c’est bien ce que semble nous dire une grenouille qui coasse à tue-tête. Il fait très beau, le ciel est bleu, le soleil brille et on cherche les quelques parties à l’ombre.

Nous traversons le canal sur une écluse, face - quel hasard !- à une pimpante maison d’éclusier. De l’autre côté, c’est la vie sauvage qui règne sur une étroite bande entre le canal et les champs. Une forêt de chênes et au-dessous un riche ensemble de plantes de toutes sortes : lierre, acanthes, fragon, laurier, salsepareille et plein d’autres que je n’identifie pas. Un sous-bois très fourni, très divers et très ombreux qui tranche avec la lumière qui baigne le canal tout proche. Quelques touches de couleurs avec des orchidées pyramidales. Et puis, on les voit pas, mais ils sont là : les oiseaux s’égosillent pour dire que l’été arrive et que le monde est beau…

Par un petit pont de bois, nous quittons  le frais sous-bois pour des étendues de grandes herbes où le chemin n’est guère tracé, nous atteignons une ferme, nous faisons quelques acrobaties pour franchir un portillon qui semble vouloir nous empêcher de rejoindre un honnête sentier, avant que l’un d’entre nous ne finisse par l’ouvrir tout bêtement par son loquet… C’est le soleil qui doit trop taper. 

On ne peut ignorer que c’est le printemps : une explosion de couleurs remplit nos yeux. Les buissons d’aubépines et d’églantines croulent sous leurs fleurs, les coquelicots, les boutons d’or, les chardons, les marguerites dévalent les talus. De grands chênes bordent un petit ruisseau et par-delà une étendue rouge se précise de plus en plus : c’est une mer de coquelicots… Nous nous arrêtons un long moment au milieu de cette immensité de corolles vermillon où viennent se mêler les fleurs de colza jaunes, une merveille sang et or qu’illumine un grand soleil. 

Et voici, au coin d’un champ, une croix en fer forgée, très simple et élégante dressée sur un socle de pierre bien usé par les siècles: c’est une croix de rogations. Les Rogations (du latin rogare : demander) se déroulaient durant les trois jours qui précédaient l’Ascension. Curé et paroissiens parcouraient les champs en procession en chantant des cantiques par lesquels ils demandaient à Dieu de bénir la terre, de la protéger contre les maladies, de faire tomber la pluie, bref de donner de bonnes récoltes. Ils s’arrêtaient aux croix «  de rogations » dressées sur les limites des champs à cet effet, telle celle qui est là sous nos yeux. Peut-être que, pour la pluie au moins, il faudrait réessayer… La question est posée de savoir quelles sont les armes pointues qui se croisent sur la croix : c’est un des symboles traditionnels de la Passion ; il s‘agit de la lance du centurion qui a percé le flanc du Christ.

Nous continuons au milieu des vignes, toujours dans un bain de couleurs : entre les alignements de ceps, les traînées rouge foncé du trèfle incarnat se mêlent aux fleurs blanches de la rouquette : ce sont les nouveaux paysages. Autrefois les vignes étaient bien nettoyées, aucune herbe n’apparaissait entre les pieds ; maintenant, des plantes fleuries forment un couvert végétal dans les rangées, elles protègent et enrichissent le sol, devenant « engrais vert » et favorisant la vie biologique du sol (les vers de terre y retrouvent du bonheur…).

Nous revenons vers le village de Villesèquelande par un joli petit pont ; une partie du canal est recouverte de nénuphars aux fleurs jaune d’or bien dressées au-dessus des larges feuilles flottantes vert foncé ; elles atteignent les pierres à battre le linge  du pittoresque lavoir couvert.

Il n’est pas tard, alors nous allons à la rencontre des points d’intérêt du village : la maison presbytérale du XIIe siècle, à la belle façade éclairée de fenêtres géminées romanes dont les arcatures en plein cintre sont séparées par des chapiteaux sculptés ; le cimetière où s’alignent de très vieux caveaux au décor sculpté somptueux dont un qui voit  dévaler du toit une cascade de feuilles de vigne (une famille de vignerons ?) ; le « chemin de la laïcité » qui longe l’école entre évocations de Jules Ferry et extraits choisis de notre Constitution ; restes de murs wisigoths. Le cheminement des siècles se révèlent vraiment à tous les coins de ce petit village.

« Les points d’intérêt agricole et historiques » qui nous avaient été promis sont bien là pour encadrer un beau circuit champêtre plein d’arbres, de fleurs et d’eaux.

Merci Nicole !

Compte Rendu de ClaudineP

Photos de Nicole

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