dimanche 22 octobre 2023

2023-20-22 Mazamet et Hautpoul

Nous voilà 22 sur le départ. Le ciel est clair, la journée sera belle.
L’été a été long mais l’automne est bien là. Il fait 1° aux Martys et les champs sont couverts de la première gelée. Mais ça se réchauffe au fur et à mesure qu’on descend vers Mazamet. Là, on prend la route des usines : une vallée encaissée  ponctuée d’usines à l’abandon ; elles ont fait la prospérité de la ville lainière mais aujourd’hui, l’impression est bien triste…
Nos organisateurs nous ont ménagés ; nous laissons une voiture au parking du Rieussoule, cela permettra aux chauffeurs en fin de randonnée d’aller récupérer leurs véhicules au point de départ, économisant 300 m de dénivelée et 3,5 km de marche sur une route goudronnée.
Le départ, donc, se fait au hameau de Yès. Une petite montée et nous nous trouvons rapidement sur une large piste bordée de fougères en premier plan et de sapins à l’arrière. Une vue époustouflante sur le pays de Mazamet : d’un côté la ville qui s’étale dans la vallée et au loin les monts du Sidobre, d’un autre côté les hauteurs de la Montagne noire et leurs éoliennes. Nous  cherchons le Pic de Nore avant de repérer son antenne ; en fait, du pic, on ne voit qu’elle, le pic est au-dessous, caché par des crêtes plus proches. 
Le sentier continue au milieu des grands arbres, pins et sapins, des fougères, du houx et des châtaigniers. Nous marchons sur un tapis de feuilles de ces châtaigniers mêlées de châtaignes et de petites branches de sapin cassées sans doute par le vent. De temps à autre, une belle surprise : un grand arbre de houx plein de baies rouges, un véritable arbre de Noël en pleine nature, de hautes plantes aux larges feuilles, avec de lourdes grappes violines et des baies noires, et puis quelques timides fleurs qui sont encore là…
Nous voici arrivés à la Croix du Prat, une grande croix blanche qui domine Mazamet et la vallée du Thoré. Une petite pause avant une descente… Ah, pour une descente, c’est une descente… Elle va droit sur Mazamet, mais nous tournons avant pour atteindre la fameuse passerelle. Nous étions nombreux, mais elle a tenu bon, la passerelle ! 140 mètres à marcher, 70 mètres au-dessus de la vallée de l’Arnette, ça vaut le déplacement ! Après quoi, une belle montée nous amène au village de Hautpoul. Nous nous arrêtons un moment au niveau des premières fortifications pour admirer le panorama, puis nous traversons le village par une rue qui monte, qui monte, qui monte vraiment (mais comment a-t-on pu habiter là ?) au milieu des vieilles maisons aux façades souvent ornées, des passages couverts, des portes fortifiées, des espaces entre maisons de la largeur - ou de l’étroitesse - d’une meurtrière qui offrent une vue plongeante sur les ravins. Tout cela jusqu’au pied de la statue de la Vierge, bien plus récente que le village, qui domine les lieux. Certains montent jusqu’à elle, la plupart s’arrêtent dans le petit espace qui la précède. C’est l’heure du pique-nique !
Un très joli village que  ce village d’Hautpoul. Son nom vient probablement de la racine latine opp- qui signifie lieu fortifié et qui a donné aussi oppidum. Au cours de siècles, le « o » a été interprété comme « haut » (on ne s’en étonnera pas !) et a donné « hautpoul » tandis que son semblable du Roussillon a gardé une forme plus proche de l’origine avec « opoul ». C’était au Moyen-Âge le chef-lieu d’une seigneurie vassale des vicomtes de Carcassonne. 
En 1212, au cours de la Croisade contre les Albigeois, Simon de Montfort assiégea et prit le château, beaucoup d’habitants s’étaient enfuis, ceux qui étaient restés furent massacrés, le château fut démantelé et incendié. Ce qui n’empêcha pas Hautpoul de devenir quelques années plus tard un centre actif d’hérésie. Sur les 200 maisons qu’abritait alors le village, les registres d’Inquisition nous révèlent le nom et la vie d’environ 180 croyants ou sympathisants cathares. Il faut donc se représenter qu’ici vécut pendant un demi-siècle une population largement hérétique, chevaliers et prédicants mêlés, qui accueillait les persécutés du bas pays venus chercher le refuge clandestin de la montagne.
Ce sont des habitants d’Hautpoul qui ont fondé le Mas Arnette ( Mazamet ) en bas dans la plaine « La ville est descendue de la montagne », comme un peu partout au milieu du Moyen Âge, l’évolution de la vie économique et du quotidien rendant de plus en plus difficile la vie dans ces habitats vertigineux alors que les échanges se passaient en bas. Mais même s’il s’est peu à peu vidé de ses habitants, Hautpoul est resté habité jusqu’à nos jours.
Après  cette parenthèse historique, nous voilà repartis sur les sentiers. Des montées d’abord puis un cheminement tranquille à travers de magnifiques forêts de châtaigniers. Des arbres s’élancent très haut vers le ciel, d’autres, plus jeunes, forment des buissons à notre hauteur, les rayons de soleil  dorent les feuillages et créent de subtils jeux d’ombres et de lumière, nous marchons sur une jonchée de feuilles et de châtaignes : les châtaignes sont là par centaines, tantôt détachées et luisantes, tantôt encore dans leurs bogues plus ou moins écrasées, tantôt encore invisibles dans leur écrin déjà brun ou encore d’un vert clair lumineux, petites boules hérissées de piquants que nos pieds font rouler. Il y en a vraiment beaucoup et quelques courageu-ses en font provision (je dis courageuses parce qu’il faudra porter le sac…). 
Une halte à une étonnante église dans une grande clairière. C’est l’église de la paroisse de Saint-Pierre-des-Plots, une des paroisses de Mazamet. Elle est très grande et elle est entourée d’un cimetière, lui aussi très grand, qui en fait le tour. C’est très curieux de voir ce si grand ensemble isolé, loin de tout habitat (le hameau de Labrespy, le plus proche, est à plusieurs kilomètres).
Nous retrouvons petit à petit la civilisation : hameau des Cousteilles, usines abandonnées au creux de la vallée et puis le parking. Il y a une voiture qui doit aller chercher les 5 conducteurs des voitures laissées à Yès ; avec le chauffeur, cela fait 6 pour 5 places ; alors, il y en a un qui part dans le coffre… Ils sont quand même arrivés à bon port et ils en sont même revenus. Le ciel s’est bien assombri quand nous repartons tous vers Mazamet, nous reprenons la route vers l’Aude non sans un dernier coup d’œil sur Hautpoul : de la grande route, la vue est saisissante sur le village qui dévale la montagne. Enfin, c’est la pause bien attendue chocolat chaud / demi pression à l’Auberge des Trois Fontaines aux Martys. 
Un grand merci à Michel et à Jacques, les concepteurs et les accompagnateurs !
CR de Claudine
Photos de Patrick
Photos de Roger

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