mercredi 24 avril 2024

2024-04-24+25 Colombières et Salagou

Le réveil a souvent été dur, il fallait quitter Carcassonne vers 7 heures pour être au rendez-vous à 9 heures à Colombières-sur-Orb. Mais, même avec un petit retard pour certains, nous étions tous là, 15 sélois prêts à la belle aventure.

Premier jour : Les gorges de Colombières
Mercredi, c’est donc la vallée de l’Arles qui nous attend, c’est elle qui forme les gorges de Colombières. Nous commençons par une belle volée de marches que continue un sentier de pierres, parfois de grandes pierres plates, parfois des rochers dans une succession plus chaotique. Nous marchons au-dessus de l’eau dont le chant nous accompagne tout au long, même si le ruisseau reste caché par une forêt qui mêle châtaigniers, chênes verts, buis et même houx dont certains ont encore leurs boules rouges. Des fougères et puis des fleurs, bien sûr, beaucoup de fleurs, des blanches, des roses, des bleues, des jaunes, des bruyères, des églantines, des genêts, quelques orchidées, et des oiseaux qui chantent à tue-tête. Le printemps est là.
Le sentier monte, monte, il faut franchir des successions de rochers, tantôt en montant dessus, tantôt en se glissant entre les étroits couloirs qui les séparent. Des ruisseaux traversent le chemin pour se jeter dans l’Arles, loin en bas, parfois on les enjambe, parfois les dalles de pierre servent de petit pont. De temps en temps, une trouée dans la forêt nous ouvre un impressionnant panorama sur les gorges. Les ruines d’une ferme, puis un bel habitat troglodytique, à plusieurs étages, que certains vont explorer. Nous continuons, les pieds dans un tapis de feuilles vieilles et les yeux dans les feuilles neuves qui rayonnent de leur vert lumineux. Le chemin monte toujours, certains passages en corniche au-dessus d’un à-pic sont sécurisés par des cordes. C’est toujours une alternance de grandes dalles de pierre et de chaos de roches qui ont l’air de plus en plus massifs. On approche le sommet des gorges et on est maintenant au plus près du ruisseau. Le panorama s’élargit aux dentelles rocheuses qui, bien au-dessus de nous, forment un décor somptueux. Nous arrivons enfin à la grande prairie  qui porte le hameau de Lafage; restaurés, son moulin, ses maisons et les étroits escaliers qui les relient sont devenus gîte d’étape. En face, les cascades qui forment le début des gorges se précipitent de vasque en vasque, le soleil illumine l’eau dévalant les rochers, une eau qui devient émeraude et fauve quand elle s’assagit dans les bassins. Un spectacle féérique.
Nous empruntons le pont qui fait passer de l’autre côté des gorges, nous contemplons une jolie maison avec son original « jardin des fées » puis nous montons encore sur le plateau pour emprunter la piste qui va nous faire redescendre la vallée. Et là, le temps change, les nuages arrivent. Cela ne nous empêche pas d’apprécier une vue incroyable sur les gorges, c’est bien plus impressionnant encore que de l’autre côté. Mais le temps se gâte, se gâte vraiment, le vent se lève très fort, les nuages s’amoncellent. Nous faisons la pause pique-nique mais nul n’a envie de s’attarder. Il fait froid et les gouttes commencent à tomber. Pluie et vent, on sort les capes et, seule touche joyeuse dans cet univers hostile, c’est un  bouquet de couleurs, rouge, orange, vert fluo, blanc, noir ou bleu, qui se hâte sur le chemin. On monte encore. Une jolie surprise, des centaines d’élégantes asphodèles bien épanouies dévalent une prairie en pente. Nous arrivons enfin au pied du roc de Bretouyre, le point le plus haut du sentier. Mais Roger nous entraîne et nous montons encore jusqu’aux carrières de lauzes, toujours en activité. Une harde de mouflons est là mais qui s’enfuit vite. Le détour valait la peine : tout autour de la carrière, un extraordinaire ensemble de pierres plates superposées qui ressemblent à un amoncellement de galettes ou à des tas de crêpes, le tout en surplomb sur les gorges que l’on admire dans leur cadre grandiose.
Puis c’est la longue descente par une ancienne voie romaine, caladée, qui dévale en lacets dans le vallon, au milieu des chênes et des châtaigniers. Le temps est redevenu clément, on s’effeuille couche par couche. Nous retrouvons la civilisation au hameau des Seilhols, puis c’est la dernière descente, un long escalier -toujours des dalles de pierre- bordé de murets qui nous ramène au pont de Colombières et aux dernières cascades de la journée.
Nous reprenons les voitures pour arriver à notre hôtel à la sortie de Clermont-l’Hérault. Chambre, douche, et c’est reparti pour la soirée que nous passons dans un agréable restaurant de Clermont, avant d’entamer un sommeil bien mérité.

Deuxième jour : la montagne de Liausson et le cirque de Mourèze
Nous partons du bord du lac du Salagou, accompagnés d’une nuée insistante d’hirondelles. Nous traversons un paysage de terre rouge et de vignes avant de monter vers le village de Liausson. Lequel village se détache sur la montagne du même nom. Il paraît que nous allons là-haut … pour commencer. Derrière le village, le chemin est là, qui monte raide au milieu des chênes et des buissons ; chaque fois qu’on se retourne, le lac du Salagou apparaît plus lointain en même temps que plus grand. Nous atteignons le col de Portes puis nous obliquons pour emprunter la ligne de crête de la montagne de Liausson. Nous montons encore, le chemin devient très accidenté et nous sommes dépassés régulièrement par des adolescents qui font le même circuit, mais en courant !  Nous trouvons plus haut un de leurs encadrants qui nous explique qu’il s’agit d’une des épreuves d’un séjour sportif de lycéens de la région.
Nous atteignons le sommet et là, waouh ! Une vue extraordinaire : le lac de Salagou qui s’étale au creux des montagnes ; au loin,  c’est un moutonnement de sommets qui trace un horizon multiplié ; d’un autre côté le village de Mourèze et son cirque (c’est le but de la journée, il est encore loin, mais on distingue déjà ses reliefs fantastiques) ; et puis la mer, le Mont Saint-Clair, le cap d’Agde et le golfe du Lion.
On avance encore un moment avant de s’ancrer pour la pause déjeuner. Contrairement à la veille, cette pause s’étire. Le temps est magnifique, le panorama somptueux sur le lac du Salagou et sur les montagnes du nord de l’Hérault, on distingue même au loin le Mont Aigoual. 
Depuis le matin, nous sommes dans un bel environnement arboré et fleuri : chênes verts, pistachiers térébinthe aux fleurs rouges, filaires et autres arbustes ; au-dessous, le thym, le romarin, les genévriers, les coronilles et les genêts qui dorent le paysage, les églantiers aux belles fleurs blanches et roses, les aphyllanthes de Montpellier qui apportent la touche bleue, les crépides de Nîmes et leur jaune éclatant, le lilas d’Espagne et son rouge profond, les sceaux de Salomon, des euphorbes au délicat dessin vert et brun de leurs grappes et tant d’autres… Nous avons même eu droit à un parterre écarlate de gueules de loup. C’est vraiment le réveil de la nature. Dans les plantes à feuillage persistant, des parties vert tendre viennent prolonger les tiges vert foncé de l’année dernière, formant un étonnant patchwork végétal,  les feuilles toutes neuves des châtaigniers, à peine dépliées, sont encore toutes froissées, les buissons de chênes kermès s’alourdissent d’une multitude de minuscules fruits en grappes (je n’avais jamais vu ça). Et les oiseaux  chantent à tue-tête.
Il faut bien repartir quand même, le soleil tape, nous cheminons dans un environnement un peu plus méditerranéen que précédemment. Au passage, une petite halte dans les ruines de l’ermitage de Saint-Jean d’Aureillan. Ce lieu, occupé par des ermites depuis le XIIe siècle au moins, dépendait des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem de Nébian ; pour les paroissiens, il était une halte lors des processions qui demandaient la pluie. En 1650 déjà, on constatait qu’il était détruit.
Et le voilà enfin, le cirque de Mourèze. C’est une formation de grès dolomitique qui  offre un fantastique paysage ruiniforme. Nous nous attardons au milieu des pinacles, des canyons, des colonnes rocheuses aux formes étranges où chacun peut voir ce que son imagination dessine, les rochers massifs alternent avec des pics élancés, on marche tantôt à découvert, tantôt dans d’étroits couloirs de pierre, d’immenses failles laissent deviner des grottes mystérieuses... La flore méditerranéenne a bien colonisé le lieu : pins, chênes verts et buis et les fleurs de toutes les couleurs peuplent les rochers ; de véritables arbres poussent même dans les parois de pierre, on se demande bien comment ils y trouvent assez de nutriments. Cet étrange espace a connu les hommes préhistoriques (des fouilles ont révélé leur présence), puis il fut peuplé de bergers et de charbonniers avant de retourner au grand silence de la nature. Silence à vrai dire bien souvent rompu par les randonneurs.
Nous nous arrachons à cet endroit extraordinaire pour arriver dans le joli village de Mourèze. Entre les maisons anciennes, les ruelles dévalent les pentes rocheuses. En haut, une curieuse église, qui paraît disproportionnée pour ce petit village ; en y rentrant, on s’aperçoit qu’il n’y a que le chœur, très haut et très large, et une très courte nef de deux travées. À l’extérieur un remarquable crucifix contemporain, fait de racines, de branches et d’écorce. Un arrêt sur la Place de la Palabre (quel joli nom pour une place de village !) où on admire d’autres œuvres du même artiste.
Après quoi, la route s’annonce encore longue. Il faut ressortir du cirque et, pour cela, nous empruntons un sentier de rochers qui monte et monte encore. Le paysage est toujours aussi beau, mais les rochers semblent de plus en plus hauts et de plus en plus gros … Enfin, c’est sans doute parce que c’est la fin de la journée ! Un rapace qui plane au-dessus des dentelles de pierre semble bien nous narguer avec ses larges ailes déployées et quasi-immobiles. Nous retrouvons le col de Portes puis la descente rapide au milieu des chênes, et puis Liausson et puis les terres rouges du bord du lac et puis le parking. 
Nous allons conclure cette riche journée par le pot de l’amitié à la buvette du camping du lac avant de reprendre la route de l’Aude.
Un grand merci à Anne-Marie et à Roger qui ont pensé, préparé et animé ces deux magnifiques journées d’oxygène et de paysages grandioses.

CR de Claudine

Photos de Roger

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